lundi 19 octobre 2015

La logique de l'amanite de Catherine Dousteyssier-Khoze

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Nikonor (quel prénom !) Pierre de la Charlanne (quel nom !) est centenaire. Il vit seul dans son château. Il est le fils d'un noble corrèzien passionné de mycologie et d'une anglaise. Il a hérité de son père son goût pour les champignons. Mais l'intérêt de Nikonor se porte exclusivement sur les cèpes (lire à ce propos la citation de Pline le jeune, mise en exergue : un bijou...) et les amanites.

Pour meubler ses longues soirées de solitude, Nikonor entreprend de rédiger ses mémoires :

   "Pour des raisons qui deviendront claires beaucoup plus tard, j'entreprends de rédiger un volume de mémoires, comme disent les Anglais. Nous sommes le 1er février, j'ai probablement quelques semaines de répit devant moi avant d'être rattrapé par les événements."
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Notre héros nous raconte sa vie, son enfance typique de la noblesse au début du XXème siècle.
Il est passionné  aussi de littérature, car quand il ne part pas à la recherche de ses précieux champignons, il passe son temps à lire.

Le seul reproche que l'on puisse faire à ce roman tient aux références scientifiques à la mycologie, trop nombreuses, qui émaillent le début. Quelques notes infrapaginales, quelques documents reproduits dans le corps du roman, ralentissent la lecture. Défaut d'un premier roman ?

Mais il ne faut pas s'arrêter aux premières pages. Le reste est tout simplement... jubilatoire. La langue est incroyable, érudite mais pas trop, littéraire tout simplement (l'auteur(e) enseigne la littérature française au Royaune-Uni...), les références littéraires justement utilisées à bon escient, et l'histoire fourmille de rebondissements.
Pour un coup d'essai (c'est un premier roman), c'est un coup de maître(sse). On passe un bon moment et on en apprend sur... les champignons, la littérature, l'Homme aussi. Le héros est aussi bien attachant, par certains côtés, qu'effrayent, par d'autres. En tout cas, il ne laisse pas insensible.

Ce que dit l’éditeur sur La logique de l’amanite

Nikonor, vieillard quasi centenaire, vient d’arriver dans la propriété de son enfance, le Château de la Charlanne, en Corrèze. Snob invétéré et érudit autodidacte, Nikonor a des opinions arrêtées sur des sujets divers : littérature, fromages, et surtout champignons. Mais c’est une conception bien particulière de la mycologie qui se dessine page après page. D’anecdotes inattendues sur ses champignons préférés (amanites et cèpes) en confidences curieuses à propos de l’histoire de sa famille, le récit prend un tour de plus en plus inquiétant.
Qui est vraiment Nikonor ? Qu’est-il advenu de ses proches et pourquoi voue-t-il une telle haine à sa soeur Anastasie ? Et qu’est-ce qui se trame au Château de la Charlanne ? Ecrit dans un style à la fois soutenu et familier, La Logique de l’amanite est un premier roman grinçant et truqué à l’humour très noir.

dimanche 24 mai 2015

Frank Sinatra dans un mixeur

Avec un titre comme ça, on ne peut manquer d'être attiré, d'être curieux : Frank Sinatra ? Le crooner ? Le chanteur de "New-York, New-York" ? Dès les premières pages, le lecteur est conquis : la langue est imagée, les personnages attachants, à commencer par le héros, Nick Valentine. Détective privé, ex-policier, alcoolique surtout (essayez de compter le nombre de Coronas, de verres de whisky bus tout au long du livre !), il a pour compagnon et seul ami un yorshire terrier du nom de... Frank Sinatra ! Le voilà donc, le Frank Sinatra du titre... Et le mixeur ? Il faudra attendre quelques pages pour le savoir.

L'intrigue - mais est-elle si importante que cela, cette intrigue ? - se déroule à Saint-Louis, Missouri. Matthew McBride connaît bien les lieux. Il y a vécu, y vit encore une partie de l'année. Il a travaillé pendant des années pour les usines Chrysler, sur les lignes de montage de vans, de monospaces. Petite vengeance ? A deux reprises, dans le roman, il évoque la marque du constructeur automobile... La première fois, pour évoquer le cas (véridique) des passeurs de drogue, qui convoient depuis le Mexique, leur poudre, cachée dans l'habitacle des véhicules ; la seconde pour évoquer une usine désaffectée de la marque américaine.

Le livre est culte aux Etats-Unis. Et il y a de quoi ! Des personnages de demeurés, qui ne pensent qu'à une chose : s'escroquer les uns les autres. Des tordus, des camés, des idiots. Une panoplie de pauvres types, qui nous régalent de scènes d'anthologie : la scène de torture dans la crypte d'une église, le cambriolage dans l'appartement de Parker et la grandiose scène finale, jouée sur un air connu, celui de "New-York, New-York", chanson interprétée par... Frank Sinatra.

La violence du livre - et quelle violence ! - est compensée par un humour incroyable. Vous apprécierez notamment les belles réparties de Nick.

A lire. Absolument.

mardi 6 janvier 2015

Régine Robin, Le Mal de Paris



La quatrième :

Paris a été chanté, filmé, raconté tant de fois ! Mais Paris, aujourd’hui, fait-il encore rêver ? Des photos de Robert Doisneau aux films de Marcel Carné ou aux polars de Léo Mallet, une vision en noir et blanc, réverbères et pavés luisants sous la pluie, a façonné notre imaginaire, avant de se transformer en clichés de cartes postales. La ville est-elle condamnée à devenir un musée à ciel ouvert, centré sur sa splendeur patrimoniale ? Ou peut-elle se redéployer, se muer en capitale du XXIe siècle et se projeter dans un nouvel imaginaire grand parisien ?
Amoureuse des mégapoles et nouvelle flâneuse de notre post-modernité, Régine Robin revisite Paris à l’aune de cette incertitude. Le Belleville populaire de son enfance, inventorié par Georges Perec, n’existe plus depuis longtemps. Il n’était pas vraiment joli, reste un peu de mélancolie. Le quartier où elle habite, près de la gare Montparnasse, à l’ombre de la tour, a été métamorphosé dans les années 1960. On le dit moche, pour elle qui l’arpente, il a son atmosphère, sa poésie, comme les nouveaux espaces, du côté de Bercy ou de la Bibliothèque de France. Foin de nostalgie donc, de « c’était mieux avant », comme si on ne pouvait choisir qu’entre l’image carte-postale d’autrefois et les quartiers-villages pour bobos qui se jouent la comédie de « l’authenticité ».
Ses déambulations nous mènent au delà du périphérique, découvrant ce qui palpite derrière cette frontière, dans ces banlieues malaimées de la petite et de la grande couronne, où vivent 10 millions d’habitants et où des mondes se rencontrent. Les parcours insolites auxquels elle nous invite croisent aussi la littérature et le cinéma. Dans ses pas, et ceux des architectes, des artistes, des écrivains avec lesquels elle chemine, on prend le pari d’un Grand Paris, avec des rêves à sa mesure.



L'auteure :

 Régine Robin-Maire (née Rivka Ajzersztejn), née à Paris en 1939, est une écrivaine, historienne, traductrice et sociologue franco-québecoise. Elle est diplômée de la Sorbonne en géographie (1962) et en histoire (1963).
Les ouvrages de fiction de Régine Robin de même que ses ouvrages d'histoire et de sociologie portent principalement sur les thèmes de l'identité, de la culture, de la mémoire collective et de la judéïté.
Régine Robin est également l'une des pionnières de l'analyse du discours.
Elle a aussi contribué à l'analyse sociologique de la littérature.
Sa maîtrise des langues de l'Europe de l’Est et sa connaissance approfondie des régimes communistes de la Guerre froide ont conduit à une analyse extrêmement documentée de l'esthétique du "réalisme socialiste" (Le réalisme socialiste : une esthétique impossible).

Le livre :

Régine Robin nous invite à une promenade nostalgique dans Paris. Elle cherche à établir les origines d'un mal mystérieux : le "mal de Paris", une sorte de spleen.
Son essai plaide pour que les écrivains et les artistes brossent des portraits de la ville au présent, afin de mettre fin aux clichés.


dimanche 4 janvier 2015

Claire Mazard, Une Arme dans la tête






L'auteur :


Claire Mazard est née en 1957 et habite Paris. Elle écrit pour les jeunes depuis une quinzaine d'années. Elle rencontre ses jeunes lecteurs lors d'animation dans les écoles.

L'inceste, la violence, la maladie, l'amitié sont quelques thèmes forts que Claire Mazard aborde dans ses livres. Elle délivre au travers de ses écrits de véritables messages d'espoir et sensibilise le lecteur à des problèmes encore trop souvent tabous.

 Résumé
Un jeune adolescent africain vit dans un foyer en région parisienne. Ancien enfant soldat drogué et manipulé par un groupe militaire dans son pays, il tente aujourd'hui d'oublier ces années de violence et de reconstruire sa vie.

Tuomas Kyrö, Les tribulations d'un lapin en Laponie


Vaguement inspiré du Lièvre de Vatanen, d'Aarta Paasilinna (ici, le lièvre est devenu un lapin, ce qui a son importance...), le livre de Tuomas Kÿro (son seul livre traduit en français, allez savoir pourquoi) évoque la situation d'un clandestin roumain dans la Finlande d'aujourd'hui. C'est drôle, mais c'est surtout engagé : quel visage de la Finlande, éloigné des images d'Epinal !

Le Dernier Lapon d'Olivier Truc




Olivier Truc est un journaliste français qui vit en Suède. C'est dire s'il connaît bien le pays qui donne son cadre au roman. Lors d'un documentaire qu'il a tourné en Laponie (le pays des Samis ou Saâmis), il a découvert l'existence d'une police particulière : la police des rennes.


Est née alors l'idée de l'intrigue de ce beau roman : un éleveur lapon est assassiné, un tambour sami a disparu...
Le roman est captivant. Les personnages ne sont pas tous blancs ou noirs.



Au coeur de l'intrigue, Olivier Truc place un tambour sami. Il existe 70 tambours de ce type dans le monde ; Olivier Truc en invente un 71ème, qu'il dessine lui-même (on peut en trouver une reproduction dans le livre).
Le livre nous aide à mieux connaître cette culture ignorée. Même les Suédois, les Norvégiens les côtoient assez peu, finalement. Il faut dire que les conditions de vie sont rudes... Il n'y a pas que le froid, il y a aussi la longue nuit polaire : au début du roman, il ne fait jour qu'une heure... Imaginez un peu...